La Marseillaise suite des plaintes

L’Action française toujours impunie à Aix

conf 10 juin

Une partie des représentants des organisations aixoises contre les violences d’extrême droite, réunie hier à l’occasion d’une conférence de presse. photo S.G.

Les violentes exactions de l’Action française se multiplient mais aucune sanction judiciaire n’est encore tombée.Les formations démocratiques aixoises demandent à l’état de dissoudre le mouvement. Une pétition a été lancée.

Agressions de militants à l’intérieur même des locaux aixois du Parti communiste français (PCF), tentative d’incendie, injures xénophobes, irruptions dans les cercles de silence et dans une conférence du PS à l’IEP sur la montée de l’extrême droite, menaces de mort adressées au député socialiste Jean-David Ciot… L’Action française, groupuscule proche du Front national, multiplie les exactions violentes à Aix-en-Provence, où la réponse judiciaire se fait toujours attendre malgré les nombreuses plaintes déposées depuis deux ans, par les citoyens et organisations victimes de ces nuisances à répétition. Le 5 mai, une nouvelle intrusion dans les locaux du PCF, de membres du groupuscule d’extrême droite armés de matraques, a amené les policiers à se déplacer sur les lieux. Pris sur le vif, les agresseurs ont fait l’objet d’interpellations, les forces de l’ordre ont noté leurs noms. Et puis plus rien… « Malgré les courriers, les plaintes, les mains courantes, les relais médiatiques… Le procureur de la République n’a toujours pas réagi », déplore Luc Foulquier (PCF 13), membre du collectif aixois contre les violences d’extrême droite, « imaginez, si des syndicalistes entraient dans des locaux avec des battes de base-ball : ils seraient en prison dans le quart-d’heure qui suit. Et pendant ce temps, l’extrême droite fait ce qu’elle veut et ça n’inquiète personne ! »

Inertie judiciaire

Face au manque de réactivité de la justice, le collectif organise la riposte citoyenne : mille personnes environ étaient réunies le 19 mars à l’occasion d’un rassemblement pacifiste contre les violences de l’extrême-droite. Depuis un peu moins d’un mois, une pétition * a également été lancée, à l’adresse du ministère de l’Intérieur, et réclamant la dissolution de l’Action française et autres groupuscules identitaires « qui harcèlent la vie démocratique aixoise ». « L’impunité totale dont continue de jouir l’Action française est invraisemblable », interpelle David Tessier (FSU), « à croire que les règles de la République ne s’appliquent pas à l’extrême droite ». « On ne comprend pas pourquoi ça ne va pas plus loin, ni pourquoi la République ne se donne pas les moyens d’arrêter ces gens », ajoute Hervé Guerrera (Partit occitan, conseiller municipal d’opposition) tandis que Rémy Jean (Ensemble !) appelle à « ne pas comprendre ce qui se passe à Aix comme une guerre murée entre la gauche et l’extrême droite. Cela concerne les valeurs de la République, donc les pouvoirs publics et tous les citoyens d’Aix quelles que soient leurs opinions. Tout le monde doit se mobiliser ! »

D’autant plus à la veille d’élections cruciales lors desquelles le Front national compte s’imposer : « Il ne faut pas oublier que l’Action française est l’un des bras armés du FN », souligne Michel Piolat (Ligue des droits de l’Homme), « un petit bras, certes, mais qui peut faire très mal… » « Notre but est de ne pas lâcher la pression car eux ne la lâcheront pas », résume Cyril Di Méo, secrétaire de section du PS à Aix, « c’est pourquoi nous avons récemment mis en place un réseau d’alerte pour nous aider à nous organiser de façon collective en cas de nouvelles agressions. »

En attendant le sursaut de la justice et une réponse du ministère de l’Intérieur aux sollicitations du collectif, la vigilance est donc de mise. Quant à la solidarité républicaine locale, « hormis des SMS envoyés par quelques élus de la majorité de droite au député Jean-David Ciot [après sa cérémonie de voeux où l’AF s’était sauvagement invitée, ndlr], nous n’avons eu aucun geste de soutien de la part de Maryse Joissains », regrette Cyril Di Méo.

Sabrina Guintini

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