Lettre ouverte aux personnels de la Communauté du Pays d’Aix et de la Ville d’Aix

Gestion des personnels et devenir dans la métropole.

Chère Madame, Cher Monsieur

Candidat aux élections primaires que le Parti Socialiste organisera à l’automne prochain, pour désigner la tête de sa future liste aux élections municipales de mars 2014, j’ai souhaité entrer le plus tôt possible en campagne pour avoir le temps d’étudier, de rencontrer et de forcer le débat public sur les sujets qui vont déterminer l’avenir de notre vie locale, en évitant les lieux communs et les règlements de compte qui nous donnent l’impression de tourner en rond, alors que tout change autour de nous.

Je dénonce depuis de nombreuses années les méthodes de gestion de la ville et de la CPA par Mme Joissains. J’ai alerté publiquement, il y a quelques mois les aixois de l’ampleur du système clanique et clientéliste aixois en m’opposant aux recrutements de Claude Filippi condamné en première instance à de la prison ferme et à la promotion turbo de M Achouri chauffeur de Mme Joissains. Cas qui n’étaient que des illustrations d’un mode de management et de gestion que les personnels attachés au service public ne peuvent plus supporter et que les aixois rejettent.

Je me réjouis donc de la perquisition de la brigade financière à Aix. J’espère qu’elle permettra de remettre un peu d’ordre dans des institutions qui souffrent de certaines pratiques.

Mais au-delà des péripéties judiciaires qui vont encore une fois toucher Aix, je réaffirme la nécessité d’une refonte radicale du fonctionnement des administrations locales. Ce sera le préalable à toute politique du logement, des transports, de la ville, de la culture cohérente et efficace. Et ce dans un contexte compliqué.

Il n’est un mystère pour personne que la CPA, et par contrecoup, la commune d’Aix en Provence vont être absorbées dans la Métropole marseillaise. Libre à chacun d’approuver ou de désapprouver, en tant que citoyen ou que personne directement concernée, la réforme que le Gouvernement présente actuellement au Parlement. Mais si, selon toute vraisemblance, cette loi est adoptée, l’agglomération aixoise va cesser d’être une instance décisionnaire et les missions de la ville vont être redéfinies.

Lorsque Madame Joissains fait accrocher une banderole anti-métropole sur le balcon de sa mairie, elle croit sans doute rallier les mécontents, mais en réalité elle berne les électeurs, puisqu’elle se dispense ainsi, par son opposition très idéologique, d’anticiper les événement et de proposer des solutions à la situation nouvelle qui va résulter de la création inéluctable de la nouvelle métropole. Je me refuse à esquiver le vrai débat en me déclarant pro ou anti Métropole.

La vraie question est à mon avis celle de savoir comment l’agglomération aixoise et la ville d’Aix vont faire face à la perte de ressources que va provoquer la mutualisation des recettes fiscales avec Marseille, qui est une ville structurellement déficitaire. Le pays d’Aix est-il condamné à être marginalisé au sein de la nouvelle entité ? Le déclin déjà amorcé sur plusieurs fronts (université,….) nous condamne t-il à devenir la banlieue résidentielle, l’escale touristique, le jardin arrière, la maison de retraite de Marseille ?

Si cette problématique est mise au centre des prochaines élections, on se rendra vite compte que les camps en présence ont des analyses et des réponses très opposées. En ce qui me concerne, je suis partisan d’une politique très offensive et d’un projet urbain axé sur le développement autonome du pays d’Aix. La solidarité avec Marseille est sans doute nécessaire dans bien des domaines (à commencer par les transports), mais elle ne suffit pas à nous positionner dans la concurrence entre les territoires pour la localisation d’activités économiques créatrices d’emplois.

En tant que collaborateurs d’une administration dédiée à l’aménagement du Pays d’Aix, vous vous êtes voués au projet que soit mis à la disposition des usagers de notre territoire le maximum de moyens matériels et humains pour qu’il soit bon à vivre et qu’il soit attractif. Aujourd’hui, votre mission est doublement menacée : menacée par la disparition de l’établissement public qui vous emploie ; menacée par l’absence de projet local qui soit une alternative aux restrictions budgétaires.

Aujourd’hui, le flou le plus complet règne sur le sort du personnel administratif intercommunal. Si la disparition des EPCI est probable, nous ne disposons pourtant pas d’une vision claire de la future architecture institutionnelle de la Métropole. La création des Conseils de Territoire, entre les Communes et la Métropole, rajoute de la confusion : ces instances seront dotées de compétences, de personnels, d’un budget de fonctionnement, et d’une gouvernance politique, mais sans consistance juridique ou ressources propres. De là, découle de profondes incertitudes quant aux conditions d’emploi du personnel appelé à les administrer. Et ce qui pourrait être une chance de promotion sociale peut rapidement se transformer en impasse pour certains. Il vous est ainsi aujourd’hui, globalement impossible de vous projeter dans l’avenir : sur quel territoire serez vous mobilisé ? L’ensemble de vos missions actuelles seront-elles maintenues ? Sur la base de quel régime indemnitaire serez vous rémunéré ?

De plus, la création d’un échelon unique centralisé- la Métropole- qui récupèrera de nombreuses compétences, des cimetières aux Plans Locaux d’Urbanisme, en passant par une partie des compétence sociales du Département, soulève la question de son efficacité. Je crains que la concentration des compétences dans cette structure ne produise une paralysie fonctionnelle, la transformant en appareil bureaucratique, miné par les contradictions. Alors que le Gouvernement annonce la poursuite de la baisse de ses dotations financières, je doute que vous disposerez, en tant que futur personnel métropolitain, des moyens nécessaires pour assurer les missions d’intérêt général auquel vous vous dévouez aujourd’hui dans notre intercommunalité ou à la ville.

Enfin, je suis inquiet pour les perspectives de développement du pays d’Aix. Dans tous les discours qui défendent la création d’une Métropole, le redressement économique de Marseille est présenté comme un objectif prioritaire. Il s’agit certes d’une ambition légitime, mais qui oublie un peu trop rapidement la nécessité de penser également l’avenir industriel du pays d’Aix. Les secteurs du tourisme, de la micro-électronique, de l’énergie, de l’agriculture de terroir, propres au pays d’Aix, et dont la CPA avait la responsabilité du développement, risquent de se retrouver délaissés par la Métropole.

Sur l’ensemble de ces sujets, il y a nécessité d’élire un Maire capable d’anticiper et de se battre pour les intérêts de notre Ville, pour en préparer l’entrée dans la Métropole dans les meilleures conditions. Je reproche à la première magistrate de la Commune, derrière son opposition flamboyante au projet de loi, d’entretenir le camp de l’immobilisme et de ne se soucier que du sauvetage de quelques vice-présidences et d’un quota d’élus pour ses amis au sein du futur Conseil de métropole. Cette position nous conduira à intégrer la Métropole de la pire des manières, sans projet ni vision, et d’y subir la loi de Marseille.

Le débat électoral permettra, je l’espère, de lever beaucoup d’ambiguïtés sur les positions des uns et des autres, et en ce qui me concerne, mes préconisations seront portées directement à votre connaissance. C’est pourquoi j’ai voulu dès aujourd’hui, engager directement le débat, avec vous, sans dogme, ni tabou.
Si je suis investi par le Parti Socialiste, en octobre prochain au terme du processus des primaires socialistes, et si la liste, que j’aurais alors constituée, est finalement élue en mars 2014, une de mes premières décisions sera de convoquer des Assises de la Fonction Publique Territoriale et des agents contractuels, pour entendre les doléances, les inquiétudes, et les propositions des personnels en poste sur le périmètre du pays d’Aix. J’estime que dans des matières aussi vitales que celles que je viens d’évoquer, une consultation des professionnels du service public s’impose.

Je vous serais très reconnaissant de me faire part de votre réaction à cette première prise de contact, et dans cette attente, je vous prie de croire, en ma sollicitude envers vous-même et l’ensemble de vos collègues.

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